Magnifique Cappadoce // Turquie

Magnifique Cappadoce // Turquie

La nature a créé un lieu féérique en Cappadoce avec ses mystères géologiques, ses cheminées de fées et son histoire troglodyte. Nous ne pensions pas pouvoir séjourner aussi simplement dans ces lieux magiques, en pleine nature. L’endroit est certes touristique, mais l’essentiel est très peu fréquenté. En dehors des spots mentionnés par les guides, il subsiste un vaste territoire où nous avons pu vivre, dormir, bivouaquer, randonner – pratiquement seuls ! Quel luxe !

Nous sommes arrivés en Cappadoce en fin d’après-midi, sous la pluie, dans un endroit dont nous redoutions alors la fréquentation touristique. Dès le premier matin en ouvrant nos portières, nous tombons sous le charme de l’endroit. L’érosion a littéralement sculpté le paysage, creusé des vallées entières et façonné ces immenses lances dressées vers le ciel que sont les cheminées de fées. Le tout dans un très beau nuancier de couleurs ocres et roses. A cela s’ajoute la beauté du génie humain qui a su dissimuler absolument partout dans ce paysage des habitations, chapelles, églises et même des villes entières, creusées sous les sols et dans les formations géologiques.

Du 30 mai au 8 juin 2018

UN PAYSAGE SCULPTÉ PAR LES ÉLÉMENTS
ET PAR LES HOMMES

Cheminées de fées, vallées et canyons

Il y a 10 millions d’années, en Cappadoce, des volcans ont projeté cendres, poussières et boues, qui se sont agglomérées avec le temps et qui ont formé une roche tendre, le tuf. Plus tard, ce sol a été recouvert de laves basaltiques beaucoup plus dures. Sous l’effet du refroidissement, la croûte de basalte s’est lézardée et la pluie et la neige se sont infiltrées dans la couche de tuf. Des blocs de basalte se sont trouvés isolés puis l’érosion (vent, pluie…) a fait son travail et a continué à creuser le tuf entre les blocs de basalte. Ces blocs durs ont protégé le tuf qui se trouvait en dessous, et c’est ainsi que se sont créées les « cheminées de fées », cônes de tuf couronnés de pierres plates basaltiques. On les retrouve partout dans les vallées et les canyons de Cappadoce, isolées ou en groupe, et donnant aux paysages de la région des allures insolites. Les nuances de couleurs vont du blanc, au rose, rouge, ocre… Les formes sont aussi très différentes d’une vallée à l’autre : cheminées, champignons, drapés, tunnels, etc. Certaines de ces formations font plus de 30 mètres de haut et c’est très impressionnant de se promener entre ces géants de pierre.

Histoire des moines chrétiens en pays musulman

Au cours de nos balades et randonnées en Cappadoce, nous sommes tombés à notre grande surprises sur de superbes chapelles chrétiennes entièrement sculptées dans la roche. Elles sont le plus souvent difficilement accessibles et leurs façades extérieures ne dévoilent rien de leur beauté intérieure : colonnes, arches, voûtes, coupoles… Sur les murs, des fresques, représentant des scènes bibliques et des portraits des saints dans le style byzantin, sont étonnamment bien préservées grâce à l’absence de lumière, même si elles ont parfois été partiellement grattées.

C’est entre le VIe et le XIIIe siècle, que ces chapelles furent creusées dans le tuf. Nombre d’entre elles sont aujourd’hui protégées dans le Musée en plein air de Göreme. Mais celles que nous avons visitées sont en accès libre, en pleine Cappadoce, et très mal indiquées… Tant mieux, les chercher ajoute au charme ! À partir du XIIe siècle, la Cappadoce, fut victime des raids des Seljoukides, puis des Turcs ottomans. Ceux-ci achevèrent de conquérir l’Empire byzantin en prenant Constantinople, en 1453. La Turquie devint alors musulmane. Les chrétiens de Cappadoce durent choisir entre la conversion et la fuite. Églises et monastères furent alors désertés, et souvent utilisés à des fins profanes, beaucoup étant transformés en étables.


UNE SEMAINE POUR EN PROFITER

Il fallait bien une bonne semaine pour profiter de cette belle région. La plupart des touristes viennent en voyage organisé pour effectuer un vol en montgolfière, un tour en quad, un circuit en bus et éventuellement la visite d’une ville souterraine. Les circuits sont très réglés (boucles rouge, bleue, etc.). L’avantage, c’est qu’en dehors de GÖREME, le principal village touristique, il n’y a plus grand monde !

Au fil des jours, nous avons profité de cette nature 24h/24 en explorant les principales vallées, une à une, en randonnant sur des sentiers oubliés. Nous avons petit-déjeuné face aux cheminées de fées, dîné autour de feux de camp à flanc de vallées, exploré des chapelles perdues sculptées dans le tuf, découvert des villages entiers creusés dans la roche. Une immersion au jour le jour, sans programme, hors des sentiers battus… un vrai régal !

DES BIVOUACS D’EXCEPTION…!

Toute la Cappadoce est sillonnée par de nombreuses pistes très praticables qui mènent vers de grands espaces dégagés surplombant les vallées. Ce sont des pistes agricoles ou des accès vers des terrains de décollage et d’atterrissage de montgolfières. Bref un terrain de jeu illimité qui nous a offert des zones de bivouac complètement incroyables !

Ce qui nous plait vraiment sur ces sites magiques, comme ici en Cappadoce, tout comme dans le désert marocain, les forêts de Scandinavie etc., c’est de pouvoir bivouaquer aux endroits mêmes d’où nous partons pour randonner ou explorer à pied la nature qui nous entoure. On reste là quelques jours, on rallume notre feu de camp plusieurs soirs de suite… Notre fourgon ne bouge pas, et nous avons vraiment l’impression d’habiter là, pour un temps ! Le site nous devient familier et nous nous approprions l’espace. Et quand en plus notre grand jardin nous offre des mûriers recouverts de fruits et une vue sans vis-à-vis sur les vallées de Cappadoce, …

…alors on se sent en phase avec l’idée du voyage que nous avons, on se sent vraiment libres !

En Cappadoce, les couleurs, l’ambiance changent tout au long de la journée. Avec l’inclinaison des rayons du soleil, les ombres des cheminées de fées glissent, s’allongent au fil des heures, puis les cheminées s’embrasent au soleil couchant ! Un spectacle magnifique dont on ne se lasse pas !


MARCHE D’ÜRGÜP ET AUTRES EMPLETTES

Tous les samedis se tient le marché d’ÜRGÜP, à quelques kilomètres des vallées. Nous aimons toujours autant ces ambiances de marché, alors nous partons y faire un tour. Couleurs, odeurs, multitude de stands et d’étalages de fruits, légumes, et de spécialités plus appétissantes les unes que les autres ! Les vendeurs nous font goûter des olives, différentes sortes de fromage. Nous nous attardons tout particulièrement chez les vendeurs de fruits secs et de fruits à coque, une spécialité locale ! Amandes, noisettes, noix, abricots secs, mûres séchées, raisin… à acheter séparément ou en mélanges, … délicieux ! La grande spécialité ici reste l’abricot qui pousse bien en Cappadoce, mais nous nous régalons aussi des cerises et fraises de saison ! Petite anecdote : les savates de Nico (qui sont en sursis depuis le Maroc) et celles de Mila ont lâché le même jour en plein marché… obligés de finir pieds nus !


Les filles sont à l’aise en Turquie !

Depuis quelques jours, encouragés par le bon accueil des Turcs, nous laissons les filles entrer seules dans les boutiques pour acheter du pain et des fruits. Elles adorent ça ! La plupart du temps, elles se débrouillent en mimes.

Un soir, nous avons besoin de charbon de bois. Internet nous aide pour la traduction et les filles partent donc demander du « kömür » dans une petite boutique. Annika, moyen mnémotechnique en tête (« queue » + « mur ») s’en sort super bien avec le commerçant qui part en chercher dans l’arrière-boutique. Et voici nos fifilles qui reviennent toutes fières avec leur charbon et qui repartent illico s’acheter des chewing-gums et des souvenirs dans une autre boutique un peu plus loin. La langue n’est pas une frontière quand on est dans un pays accueillant et souriant.

VILLE SOUTERRAINE DE  KAYMAKLI

Un matin nous partons à quelques kilomètres de là pour visiter une étonnante ville souterraine. Le village de Kaymaklı remonte à l’Antiquité et pouvait accueillir 3000 à 5000 personnes (!) en temps de guerre. La cité était constituée d’au moins 8 niveaux sous terre, dont 4 seulement sont encore accessibles en toute sécurité par les touristes. Les 2 premiers niveaux auraient été creusés par les Hittites vers -1500 av. J.-C. puis par les paléochrétiens. C’est un vrai dédale de tunnels creusés dans le tuf. Certains sont tellement étroits qu’il faut se pencher pour les traverser. Ils nous amènent à différentes pièces ou zones de vie : stocks de nourriture et de vin (plus sûr que l’eau !), cuisines, grange, église, appartements individuels, salle de réunion… Les premiers étages, plus proches de la surface étaient réservés aux animaux et aux habitants les plus aisés. Plus on s’enfonçait, plus l’air était rare et plus les habitations étaient modestes.

C’est vraiment impressionnant de se promener là-dedans. Nous avons de la chance, car les visiteurs sont très peu nombreux ce matin, et après une visite avec notre guide, durant laquelle nous apprenons un tas de choses,  nous redescendons seuls explorer plus en détail les galeries secrètes de la ville souterraine.

Dans les habitations, on s’amuse à chercher les traces du quotidien des habitants : des niches sont creusées dans les murs, des alcôves avec des lits, des trous au plafond qui servaient à accrocher les berceaux, des petites protubérances en hauteur qui accueillaient de l’huile et une mèche pour éclairer les pièces… On monte, on descend, on avance, on bifurque et à un moment donné, nous ne savons plus à quel niveau nous sommes, à quelle profondeur…

Des grands puits d’aération étaient creusés depuis la surface jusqu’à l’étage le plus profond et permettaient de ventiler et de communiquer entre les niveaux. Nous avons également été très étonnés par ces énormes portes de pierres en forme de meule de plusieurs tonnes que les habitants faisaient rouler devant les entrées des galeries pour en bloquer l’accès. De extérieur, impossible de déplacer cette masse. Nous n’imaginions pas à quel point la Cappadoce était un véritable gruyère. Beaucoup de villes souterraines du même genre existaient dans la région. Kaymakli est l’une des 4 ouvertes partiellement au public.

LE VILLAGE D’UCHISAR…

C’est un joli village, perché sur son promontoire, dominant les vallées. Il est chapeauté par un énorme bloc de tuf qui lui donne une silhouette repérable de loin. A l’origine, cette roche était habitée de sa base à son sommet. Mais trop creusé, le bloc menaçait de s’effondrer et les habitants finirent par déserter l’endroit pour habiter dans des maisons plus classiques, tout autour. Le village comporte plusieurs belles maisons aux façades joliment décorées, mais les plus belles ont été rachetées et transformées pour accueillir les touristes. Le bloc de tuf quant à lui se visite, et l’on peut accéder à son sommet pour apprécier une superbe vue sur l’ensemble du village et des vallées environnantes… joli !

RENCONTRE AVEC HASAN

Un soir où nous rentrons de rando dans la vallée rouge et la vallée des pigeons, Stefanie part chercher Vanou, garé un peu plus loin. Un sympathique Turc d’une cinquantaine d’années, nommé Hasan, la prend en stop. De retour au bivouac avec Vanou, elle nous raconte sa rencontre et quelques minutes plus tard, Hasan débarque avec son neveu, prétextant je ne sais quelle raison bidon… il était en fait curieux de nous rencontrer. Il découvre donc notre petite famille et notre cabane à roulettes. Vite il nous parle de sa passion pour les chevaux.

Les filles montent à cru sur le cheval d’Hasan !

Nous discutons quelques minutes, puis il nous dit qu’il retourne chez lui mais qu’il revient dans un instant avec son cheval. Le revoilà donc de retour, avec son cheval Sahin tractant une belle charrette en bois joliment décorée. Les filles sont ravies de pouvoir caresser le cheval et monter dessus.

Du coup Hasan nous propose d’aller faire un tour, tous ensemble dans la charrette ! Yes, trop chouette, nous voila donc secoués sur les pistes blanches de Cappadoce, dans une vielle charrette, direction le « Sunset Point » à quelques kilomètres de là. Au retour, Hasan propose à Mila de monter à cru sur le cheval. Ça ne se refuse pas ! La voila donc cavalière ! En fonction du trot, ses petites fesses décollent parfois complètement du dos du cheval. Quand elle commence à glisser d’un côté ou de l’autre, Hasan ou Papa se penchent en équilibre pour la remettre dans l’axe ! Sport ! Quand nous arrivons sur la dernière portion de piste, après la route, Kika prend le relai et monte à son tour ! Beau moment, au soleil couchant, en pleine Cappadoce. Merci Hasan !

Deux sympathiques soirées avec Hasan

De retour au bivouac, nous improvisons un petit repas autour du feu avec Hasan qui sera rejoint au cours de la soirée par son neveu et un ami. Nous bavardons et blaguons, en mangeant des pâtes au pistou et des amuses gueules qu’ils nous ont ramenés, ainsi que quelques verres de vin rouge turc. Une soirée très sympathique, simple, chaleureuse et improvisée comme on les aime. Nous nous donnons rendez-vous le lendemain soir pour faire un barbecue.

Mais quand nous l’appelons le lendemain soir, on dirait qu’il nous a un peu oubliés. Il nous avouera qu’il a un peu abusé du raki après nous avoir quittés la veille et qu’il a un peu mal au crâne… Qu’à cela ne tienne, il nous offre le thé et jus d’orange au café de son village Ortahisar, à l’ombre d’un bel arbre, et surtout joue aux dominos et aux dames avec les filles, qui sont à fond. Super ambiance !

Puis il achète un peu de poulet et de légumes à ajouter à nos provisions pour le barbecue et on roule vers les hauteurs du village. Hasan aperçoit un berger et lui fait signe de se joindre à nous. Il ne parle pas un mot d’anglais, mais c’est un sacré pitre et il a la main sur le cœur. Il retourne chez lui pour nous offrir des confitures d’abricot, un bocal de ratatouille maison, 2 verres à raki, des abricots, cerises et baklavas, incroyable ! Puis Hasan amuse les filles en leur faisant faire des tours de moto sur la piste !

Pendant qu’on ramasse des branches pour faire du feu, Hasan va chercher un arbre mort entier – pourquoi faire dans le détail ? On se régale de poulet, d’ail et d’oignon cuits directement dans le feu, de piments piqués sur des brochettes, de fruits et on passe un bon moment !

Après le barbecue Hasan nous montre un endroit où nous pourrions dormir. C’est un peu près du village, alors nous demandons si l’endroit est sûr… Il nous rétorque, incrédule :

« Mais vous êtes en Turquie, que voulez-vous qu’il vous arrive ? »

Finalement nous retournerons discrètement à notre bivouac précédant car pour notre dernière nuit en Cappadoce, nous voulons nous réveiller, encore, en pleine nature !…

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