Après le Moyen-Atlas plutôt vert, nous voici catapultés dans un univers minéral et spectaculaire. Une route superbe serpente entre de hauts sommets aux reliefs torturés et aux couleurs chaudes. Ocre de la roche, bleu profond des lacs d’altitude et blanc des sommets enneigés, nous en prenons plein les mirettes. La traversée du Haut Atlas entre EL-KSIBA et RICH, en passant par IMILCHIL est une belle découverte ! Sans la tempête de neige qui menace, nous serions restés davantage…
Notre trajet dans le Haut Atlas Marocain
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ROUTE D’EL-KSIBA AU LAC TISLIT
Mardi 2 janvier 2018, nous quittons le lac d’Ouaoumana direction le HAUT-ATLAS, mais pas sans avoir fait le plein de gasoil, d’eau et de nourriture.
Note au passage que le petit filet d’eau qui coule des robinets marocains est loin du gros débit des pays nordiques ! Ici pour remplir nos 100L de réservoir, nous devons attendre longtemps, longtemps… et c’est parfois gênant, vu la sécheresse qui sévit ici…
La petite route vers EL-KSIBA nous mène à travers une campagne qui semble riche et fertile. La route est excellente, elle a récemment été refaite ! Et dire que nous avions tenté de l’éviter en passant par la piste vers ITZER …
Nous traversons des zones cultivées d’oliviers, de larges vallées boisées et grimpons rapidement à plus de 1500 mètres d’altitude. Nous rattrapons alors une route plus ancienne, plus étroite, en cours d’élargissement… En attendant, il faut rouler sur le bas-côté quand on croise un véhicule.
Gorges rouges de l’OUED EL-ATTAACH de BOUTFERDA
Après TIZI-N-ISLY, nous bifurquons sur la piste P3218 vers BOUTFERDA à la recherche une coin pour manger. Nous remarquons les maisons traditionnelles différentes du Moyen Atlas, en pierre, aux toitures « terrasse » supportées par des poutres en troncs, croisées de petit bois ou de cannes, le tout recouvert d’argile.
Puis nous arrivons dans BOUTFERDA, un minuscule village de montagne, mais très animé avec une joyeuse ambiance de souk. La piste disparaît quasiment dans le village et il s’agit alors de faufiler le fourgon entre djellabas, ânes chargés, mobylettes, poules et pickup… sans le GPS nous aurions certainement fait demi-tour.
Nous aurions alors manqué les magnifiques gorges rouges de l’OUED EL-ATTAACH juste après le village… Pique-nique avec une vue superbe par plus de 20°C – nous serions bien restés pour la nuit s’il n’y avait pas eu la menace de cette tempête de neige pour samedi !
Cap sur le lac TISLIT – attention vertiiiiige !
Nous retrouvons une route en travaux, poussiéreuse, qui grimpe, grimpe jusqu’à 2300 mètres d’altitude en contournant les hauts sommets enneigés.
« Nous sommes presque arrivés, les filles, il ne reste que 10-15 kilomètres ! ». Et c’est là que sans prévenir, le temps d’un rétrogradage, la route devient une piste, plus étroite qu’une voiture et surplombe un vide de plusieurs centaines de mètres sans protections ! Les roues droites sont à quelques centimètres du précipice ! La piste la plus vertigineuse que j’aie jamais prise ! Mea culpa, j’étais si pétrifiée que je n’ai pas immortalisé l’instant !
Nous croisons une voiture dans une zone plus large et demandons si cela passe plus haut. « Oui, chouïa, en première ou en seconde… (un coup d’œil sur le fourgon)… euh en première ! » Heureusement nous avions déjà franchi le pire endroit…
Nous redescendons ensuite sur le lac de TISLIT par une belle vallée bordée de collines en « vagues » illuminées par le soleil couchant.
DEUX NUITS AU LAC TISLIT
Après cette arrivée vertigineuse, nous nous installons tranquillement sur le bord du lac TISLIT. L’endroit est beau et paisible avec ce lac bleu où nagent des oiseaux, ses rives désertiques, une maison de bergers un peu plus loin, et les hautes montagnes rocheuses qui nous entourent. La nuit tombe, elle sera fraiche, un bon petit repas et au lit !
Le lendemain matin, le thermomètre indique fièrement -6°C, il a fait bien froid cette nuit !
L’endroit nous plait bien et après une belle journée au lac de d’Isely, nous reviendrons bivouaquer ici un peu plus loin, dans les pâturages !
Malheureusement, Annika a été malade pendant cette deuxième nuit. Elle finira sa nuit avec une bassine pour oreiller. Mais ne nous plaignons pas, c’est le premier petit souci de santé depuis 6 mois de voyage ! Le lendemain, Mila, qui ne s’était aperçue de rien, est aux petits soins pour sa grande sœur. Mais c’est déjà fini, Kika n’a plus qu’à se requinquer !
Lumière superbe ce matin sur le lac… Les filles font des ricochets avec papou… trop facile vu que le lac est gelé ! Il faut d’ailleurs rattraper Mila avant qu’elle n’essaye de marcher dessus… « Reviens ici Mimiiii !! »
Un couple de bergers avec leur petite fille passe nous voir avec un bel âne gris, un bouc et des moutons. Les minettes offrent leur ballon de baudruche à la petite miss, trop mignonne !
Au moment de partir, Kika remarque que « le lac est si calme, qu’il n’y a que les canards qui troublent l’eau » et Mila s’exclame « Au revoir petit lac trop chou avec les canards ! »
BEAUTÉ SAUVAGE DU LAC D’ISELY
Pendant la matinée du mercredi 3 janvier 2018, un berger passe nous voir et nous conseille de nous rendre au lac d’Isely, à deux heures de marche ou accessible par une piste.
La piste poussiéreuse et caillouteuse remonte dans une vallée surplombée par des hauts sommets de plus de 3000m. La neige au sommet fond au soleil et a presque disparu. Les rares bergeries en pierre se fondent dans les pentes rocheuses et ne sont trahies que par leurs ombres.
Superbe arrivée sur le lac, d’un bleu profond étonnant et à l’eau cristalline, entre des montagnes ocres rouges.
Nous pique-niquons près de l’eau, entre pierres et petits buissons d’épineux, avec pour seule compagnie quelques ânes et un cheval en semi-liberté. Ils doivent appartenir à un paysan du petit hameau montagnard d’en face que nous distinguons à peine.
Nous faisons une belle balade en rejoignant le petit village par un chemin qui contourne le lac puis revenons par la rive sud. Mila traîne un peu des pattes au retour, jusqu’à ce que Niko lui noue un foulard en cape. Effet immédiat, elle s’envole !
ROUTE D’IMILCHIL À IGLI, DANS LES MONTAGNES BERBÈRES
Jeudi 4 janvier 2018, nous quittons le lac Tislit pour IMILCHIL et BOU AZMOU où nous faisons quelques courses dans de petites boutiques ou aux stands en bord de route. Faire les courses est la passion de Mila et les filles s’empressent toujours de nous accompagner. Nous ne passons pas inaperçus dans les petits villages et les minettes sont ravies de discuter avec les vendeurs et les passants.
Le long de l’oued OUTERBAT
La route R706 – exceptionnelle – traverse une large vallée aride, et longe l’oued, qui irrigue des cultures verdoyantes. Les jolis petits villages berbères aux maisons de terre se succèdent le long de la route et d’autres encore sont accessibles par des pistes. Souvent, seules les mosquées et les écoles sont peintes de couleurs vives, tous les autres bâtiments restant couleur terre. Les femmes portent des habits traditionnels, les haïks, sortes de djellabas noires brodées de petits motifs de couleurs vives.
Pique-nique au milieu des moutons
Après un petit col, nous débouchons sur une immense ligne droite au milieu d’une plaine aux dimensions impressionnantes, bordée de géants de plus de 3000 mètres. Wahouuuu, arrêtons-nous là pour pique-niquer ! Seuls au milieu de la plaine, au milieu d’un troupeau de moutons, nous savourons un bouillon avec des pâtes, menu spécial pour requinquer Annika !
Nous songeons souvent à l’impressionnant contraste entre la Norvège, pays de l’eau,
et ces paysages marocains, minéraux et poussiéreux !
Les paisibles gorges de l’oued N’IGLI
L’après-midi, notre route nous mène à travers des gorges plus étroites, entre des montagnes aux strates torturées et aux couleurs grises, ocres ou rouges. On se sent tout petits devant ces « sculptures » créées par les éléments. Notre altitude diminue et le buis et quelques arbres font leur retour.
Il fait bon et il est difficile d’imaginer qu’une tempête de neige sévira ici dans deux jours !
Bivouac en pleine montagne
Lorsque les gorges s’élargissent à nouveau, nous nous arrêtons entre la route et l’oued N’IGLI pour bivouaquer. Nous aurions bien suivi une piste pour se perdre un peu plus entre les collines, mais un apiculteur y déménage ses ruches en mobylette, alors nous restons un peu plus loin pour ne pas le déranger.
Un système d’irrigation achemine l’eau de l’oued vers des petits carrés de culture et des paysans passent de temps à autre avec leurs ânes près de nous en nous faisant de grands signes.
Niko fabrique une belle boîte en cannes pour les filles, un souvenir d’enfance ! Puis Annika nous emmène (moi puis Nico) à la découverte des environs, en remontant un cours d’eau asséché et des chemins de moutons, entre les collines, à travers buis, genévriers et genêts. Elle adore et remplit sa nouvelle boîte avec toutes sortes de feuilles parfumées !
Encore une nuit tranquille en pleine nature !
VERS LA GRANDE PLAINE DE MZIZIL TILLECHTE
Vendredi 5 janvier 2018, nous reprenons la route pour redescendre du Haut Atlas. Les paysages sont toujours aussi somptueux, grandioses. Nous ne nous lassons pas d’admirer le travail des éléments qui façonnent et colorent les roches et les montagnes en innovant presque à chaque virage.
Nous suivons l’avancée de la tempête, qui ravage le Portugal et l’Espagne, sur l’application Windy. Lorsque nous sommes suffisamment loin des hauts sommets pour être à l’abri jusqu’à demain midi, nous nous arrêtons pour profiter encore de ces montagnes que nous aimons tellement. Nous ne rejoindrons RICH et les GORGES DU ZIZ que demain, plus rien ne presse !
Bivouac dans la plaine de MZIZIL TILLECHTE
Trouvez le fourgon, dans la plaine, près de l’oued !
Nous pique-niquons à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de RICH, sur un immense plateau désertique à 1450 mètres d’altitude, cernés par de grandes montagnes rouges. Nous nous éloignons de la route par une piste et nous nous installons pour déjeuner avec une vue splendide à 360°.
L’endroit est magique et nous décidons d’y rester pour la nuit !
Mila nous montre de drôles de scarabées bleus, à grandes pattes, très rapides.
L’après-midi, nous nous baladons jusqu’à une construction rouge en ruines sur une colline de cailloux. Les filles emmènent leurs arcs et flèches pour l’expédition. Kika trouve des fossiles, Mila collectionne des cailloux pour s’en servir comme « outils » et Niko aperçoit une petite gerboise ! Il n’y a rien que des cailloux ici, mais on adore !
Pendant la nuit, le vent souffle fort, la tempête approche !
Le lendemain matin, samedi 6 janvier 2018, les nuages s’accumulent sur les sommets que nous avions traversés hier, jusqu’à l’entrée de la plaine. En milieu de matinée, une pluie légère nous annonce qu’il est temps de reprendre la piste, avant qu’elle ne devienne glissante.
Nous rejoignons RICH, une bourgade bien vivante, où nous nous ravitaillons avant de mettre le cap sur les GORGES DU ZIZ…
Hello! C’est moi, Chouchoundra, gerboise du désert. …
salut. c’est toujours avec plaisir que je lis vos billets. bonne route encore!