À deux pas de Fès, le Moyen-Atlas est une belle région que nous avions déjà visitée précédemment, et nous voulions montrer ses cèdres, ses singes et ses lacs aux filles. Nous étions loin de nous douter à quel point nous allions nous y enfoncer, en pays berbère, jusqu’à devoir rebrousser chemin pour cause de piste en trop mauvais état !
SOUS LES CÈDRES DU MOYEN-ATLAS
Jeudi 28 décembre 2017, après avoir joué à Tetris toute la matinée pour caser les cadeaux de Noël dans le camion et après avoir été gâtés par Hayat avec un dernier déjeuner, nous quittons Fès et prenons la route vers le MOYEN-ATLAS et AZROU.
Nous sommes encore en terrain connu, puisque il y a une bonne douzaine d’années, lorsque nous étions (un peu plus) jeunes (!), nous avons parcouru ces routes à vélo pendant près d’une dizaine de jours.
Cela fait tout drôle de reconnaître différents endroits et de revoir la forêt de cèdres, ces grands arbres si majestueux. Nous quittons la nationale N13 pour la route touristique des cèdres, où il ne reste presque plus d’asphalte. On avance tout doucement …
Le lac AFENOURIR au sud d’AZROU
En fin d’après-midi, nous sortons de la forêt et débouchons sur un vaste plateau caillouteux, entouré de montagnes et de forêt, à 1800 mètres d’altitude, alors que FÈS n’est qu’à 500 mètres. Une petite piste nous mène jusqu’au lac AFENOURIR, où nous nous nous installons, de nuit, encore seuls au monde…
Superbe ciel étoilé cette nuit !
Vendredi 29 décembre 2017, nous nous réveillons au bord du lac … gelé ! Quelle tranquillité…
Les filles jouent à l’arc et au frisbee sur un sol encore gelé de la nuit ! Dès que le soleil commence à chauffer, nous nous baladons jusqu’à l’observatoire à oiseaux de l’autre côté du lac, qui a connu des jours meilleurs et semble sur le point de s’effondrer ! Nous marchons avec un kilo de boue d’argile sous chaque chaussure (il a dû pleuvoir il n’y a pas longtemps!) et admirons les oiseaux migrateurs, les reflets qui apparaissent sur l’eau au fur et à mesure que le lac dégèle. Il y a quelques campements berbères autour des rives et nous croisons des bergers qui accompagnent leurs moutons sur les verts pâturages en bordure du lac.
Nous pique-niquons au soleil, au bord de l’eau sur des cailloux, pendant que des espagnols se garent à côté de nous, et sortent les chaises, la table, la nappe rouge à pois blancs et … le store pour se mettre à l’ombre ! Un couple de jeunes français en vacances vient nous rendre visite également. Après un petit café, c’est reparti vers le sud du Moyen-Atlas.
La forêt de cèdres et ses singes
Nous prenons la piste vers AÏN-LEUH, puis la route vers le sud, à travers la forêt de cèdres. Des singes magots (ou macaques de Barbarie) ! Le grand groupe qui se réchauffait au soleil s’éloigne doucement vers l’ombre. Les filles sont ravies de pouvoir s’en approcher et craquent surtout pour les petits !
Le long des restes de bitume sur lesquels nous roulons, les tentes berbères semblent bien précaires avec leurs bâches plastiques. Comme il y a 12 ans, nous croisons quelques enfants qui mendient en arrêtant les voitures. C’est le seul endroit au Maroc où nous avons vu cela. Pas toujours facile d’expliquer aux filles quand donner, quand ne pas donner… Les femmes et enfants sont de corvée d’eau avec leurs ânes qui la transportent dans des bidons d’huile oranges, recyclés pour cela. Comme partout au Maroc, les gens nous font signent et nous font sentir que nous sommes les bienvenus.
Nous passons le lac OUIOUANE que nous reconnaissons avec sa maison forestière et son camping. Une belle vallée, que nous avions vue verte au printemps, arbore la couleur rouge de la terre en hiver.
La pluie a raviné sur les pentes de la rivière et la route disparaît à certains endroits sous la terre ! Au village d’OUM RBIAA, nous ne visitons pas les sources car Mila s’est (exceptionnellement) endormie. Bonne nouvelle, la ferme de pisciculture, que nous avions visitée jadis, a été rénovée !
Le lac AGUELMAME AZIGZA
Lors de notre périple à vélo, nous avions bivouaqué sur les rives du lac Azigza à l’eau si claire et sauvage que nous avions pu y attraper des écrevisses !
Alors nous avons voulu y retourner, mais sommes refroidis par les nombreuses échoppes berbères en bâches plastiques, alors que nous nous attendions à être seuls, comme au lac précédent. Nous suivons la piste qui longe le lac jusqu’à l’extrémité Est du lac pour nous isoler. Mauvaise idée, l’endroit est encaissé, froid et assez sale (la faute aux campeurs du WE). Tant pis, il fait nuit et quatre heures de piste suffisent pour aujourd’hui !
Le lendemain matin, samedi 30 décembre 2017, nous rejoignons l’autre extrémité d’Aguelmame Azigza, au soleil, et photographions quelques singes magot peu farouches, avant de continuer vers KHENIFRA.
Nous découvrirons plus tard que nous aurions pu grimper au dessus de notre bivouac pour avoir une belle vue sur le lac…
PERDUS EN PAYS BERBÈRE…
Quelle route prendre vers le sud-est ?
Pouvons-nous traverser le Haut Atlas, en plein hiver, entre les sommets enneigés, à plus de 2000 mètres d’altitude (sachant que nous venons de passer un endroit encore verglacé en milieu de matinée) ? Soyons prudents et passons par le Moyen Atlas, en direction d’ITZER. Nous pourrons ainsi profiter un peu plus longtemps de la forêt de cèdres !
En « route » pour ITZER
La « route », se transforme rapidement en piste. Les paysages sont magnifiques avec de splendides points de vue. Nous pique-niquons à 1800 mètres d’altitude, par 21ºC, avec une vue sur des sommets enneigés du Haut Atlas ! Cerise sur le gâteau : des fossiles partout !
Après une maison forestière, la route se détériore encore, avec des effondrements dus à de récentes intempéries. Pourtant, alors que nous avons l’impression d’être au bout du monde, les collines sont cultivées et les quelques maisons sont plus pérennes qu’au nord d’Oum Rbiaa, avec des murs en pierre et des toits en planches de bois, taillées à la hache, et recouverts d’argile.
Nous sommes en pays Berbère, la vie ici est rude, les paysans cultivent avec des outils rudimentaires, ont peu de contact avec la civilisation, pas de commerces, pas de voiture, une vie simple en autarcie. Ses vallées semblent très fertiles et le savoir-faire Berbère en matière d’irrigation et leur courage à la tâche dans les champs font le reste.
Les enfants des villages nous repèrent de loin, ils courent à toute vitesse pour rejoindre le bord de la route pour nous voir passer, et nous faire finalement un bonjour discret de la main et un sourire timide, visiblement surpris de nous voir ici ! Les adultes quant à eux nous saluent de grands gestes, même de loin. Certains nous interpellent gentiment pour nous mimer ce dont ils ont besoin, un peu d’eau ou un cachet d’aspirine pour le doyen qui a mal à la tête.
Cette fois nous sommes bloqués !
Puis la piste descend rapidement de 500 mètres pour franchir l’oued et remonter dans une forêt épaisse sur l’autre rive. Mais il faut se rendre à l’évidence, ça ne passe pas sans 4×4 ! Un effondrement encore boueux stoppe notre pénible progression.
« Nous allons devoir refaire TOUTE la piste d’aujourd’hui dans l’autre sens ?! »
« Et oui, c’est ça aussi le voyage ! »
Heureusement, nous avons tout ce qu’il faut dans notre maison à roulettes et bivouaquons tranquillement en surplomb de l’oued dans la jolie vallée ! Le soir, alors qu’il fait nuit noire, nous entendons de temps en temps le bruit des sabots d’un mulet chargé qui passe sur la piste, sans doute pour rejoindre un hameau un peu plus bas.
Demi-tour !
Tiens tiens, le ciel est un peu gris ce matin. Alors nous reprenons la piste en sens inverse avant même le petit-déjeuner, puisqu’il n’est pas question de rester coincés par de la boue en cas de pluie ! On serait obligés d’attendre que la boue sèche…
Le trajet dans l’autre sens est aussi beau qu’à l’aller, et nous profitons en plus d’une lumière différente !
Un p’tit déj’ bien mérité en milieu de matinée et nous voici bientôt sur une piste en bien meilleur état ! A l’heure du déjeuner, nous sommes dans la descente vers KHENIFRA. Nous nous arrêtons pour pique-niquer dans une forêt de pins avec la vue sur les sommets enneigés.
Résultat des courses, nous n’avons pas pu rejoindre ITZER par cette piste en très mauvais état, mais nous avons découvert une partie du Moyen Atlas insoupçonnée, très belle, authentique et inconnue des touristes… Quelle aventure !
Petit arrêt à KHENIFRA
En descendant vers KHENIFRA, la vallée s’élargit et est très cultivée. Quelques grandes demeures qui bordent la route contrastent avec les campements berbères du Moyen Atlas !
Pendant que je fais quelques courses dans la rue principale, un marocain aborde Niko en voyant notre plaque d’immatriculation et nous raconte toute sa vie, en France, en Europe, sa femme allemande, ses enfants au Canada… Il nous renseigne aussi sur l’état des routes, et, bonne nouvelle la route vers Imilchil (Haut Atlas) devrait passer !
Mais ce soir, nous allons d’abord fêter le réveillon !
Beaux récits. Nostalgie. ..
Grandiose!
Que de belles photos, on a qu’une envie c’est de venir vous rejoindre !!!! Je ne vous avais pas oublié mais très occupée (comme toute bonne retraitée …) aujourd’hui j’ai vraiment eu plaisir à vous retrouver et à découvrir vos nouvelles pistes. J’espère que vous n’avez pas trop froid car on avait entendu qu’il avait neigé sur le Sahara. Bon je vous quitte mais je vais are la suite ….. Bizzzzz