Culture et aventure sur la route d’Erfoud à Tinejdad // Maroc

Après le désert de Merzouga, nous aimerions voir les gorges du Todra et du Dadès. En chemin nous attendent une belle rencontre et un sauvetage de fourgon d’anthologie !

LES KHETTARAS  DE JORFF

Samedi 27 janvier 2018, nous passons le village de JORFF, très animé, et sa belle palmeraie en milieu d’après-midi. Puis, nous nous installons pour bivouaquer au milieu d’une immeeeeense plaine désertique (à mi-chemin entre JORFF et KSAR TOUROUG), à côté du seul chouvia, et entourés au loin par les montagnes.
Ce soir, Niko prépare un tajine de bœuf avec de la viande achetée pour la première fois dans un stand du souk (contre l’avis des filles…) – miam !

Le lendemain, nous nous réveillons sous un vent glacial, mais sans nuages. Ils s’arrêtent sur les hauteurs des montagnes et les couvrent de belles ombres dansantes.

Sous terre, dans les khettaras

Nous découvrons les khettaras de Jorff, un ingénieux système de canalisations souterraines pour les cultures. D’origine Persane, ils existent dans de nombreux pays dont l’Algérie ou l’Iran. Ceux que nous visitons sont abandonnés et l’eau n’y circule plus, mais ils sont toujours en activité dans d’autres régions. Les canaux longs de plusieurs kilomètres permettaient d’acheminer l’eau de la nappe souterraine par une pente très faible jusqu’au village ou à l’oasis. Les villageois creusaient ces canaux à la main, et sortaient la terre argileuse par des puits alignés tous les 50m, qui servaient ensuite à l’entretien des canalisations. Un travail titanesque qui occupait plusieurs générations de villageois…

À la surface, on voit de nombreux cratères de terre (qui empêchent l’eau de pluie de ruisseler dans le puits), alignés le long des canaux.
Aujourd’hui, on peut y accéder par un escalier et admirer les canaux hauts de plus de 3 mètres. Nous remontons ainsi à la lumière d’un lampe torche, tels des taupes, le long de la galerie souterraine. Les filles adorent et auraient bien marché sous terre jusqu’à la montagne si on n’avait pas été bloqué par un puits effondré…

Nous découvrons aussi le système en bois utilisé pour remonter les seaux de terre du puits à la force des jambes et les filles s’amusent à l’actionner !

BAIN DE BOUE !

Bivouac au nord de Goulmima

Nous rejoignons GOULMIMA, dont le vieux ksar semble mériter le détour, mais pour l’heure, il s’agit de trouver un bivouac. Le point de vue depuis les antennes au nord de la ville étant un lieu de balade des riverains, nous rebroussons chemin et tentons notre chance sur la route qui mène dans le Haut-Atlas. Nous trouvons un endroit chouette au bout d’une piste à gauche après le village de MGAMANE, avec une vue superbe sur les montagnes rouges au coucher du soleil !

Incertitude sur la météo

La météo annonce une nuit très pluvieuse, et pareil pour les jours suivants ! La question est : Pourrons-nous redescendre sur cette piste les 2 km qui nous séparent de la route s’il pleut toute la nuit ? Faut-il repartir de suite ? Niko verse de l’eau sur la piste pour tester la réaction du sol…, ça semble praticable. De toute façon, nous avons de l’eau et des provisions, et nous avons un peu la flemme de quitter cet endroit sympa pour déménager à cette heure-ci !

Prisonniers de la boue !

Lundi 29 janvier 2018, nous nous réveillons sous la pluie et l’OUED EL BOUR est en crue ! Nous nous étions renseignés sur les précipitations prévues ici, mais pas sur les trombes d’eau tombées en montagne et qui ont dévalé les pentes – erreur !
Le gardien du barrage remonte toute la piste à pied sous la pluie pour vérifier que nous ne sommes pas en panne et dit que nous risquons de nous embourber, qu’il faut attendre. Oui, mais la pluie ne va pas s’arrêter de si tôt, alors nous tentons de rouler, et nous voici coincés au bout de… 30 centimètres, tellement la terre est détrempée !
Nous ne sommes pas les seuls à être bloqués, puisque même la route bitumée est coupée côté nord par l’oued en crue. Un camion Coca-Cola patiente pour pouvoir livrer sa marchandise sur la route du Haut-Atlas !

Bloqués, oui, mais pour combien de temps ?!?

Pas de panique, nous avons le plein d’eau, de gasoil, à manger, nous pouvons tenir un siège, il ne manque que des recharges Maroc Telecom pour internet. Alors Niko enfile son imper et se met en route vers le village pour en trouver.
Oui, mais le mauvais temps devrait durer et à ce rythme-là, le terrain pourrait mettre 10 jours à sécher !!!  Niko a du mal à passer À PIED. Tout le long de la piste, la boue est très épaisse et le sol est complètement gorgé d’eau, alors en fourgon nous n’avons AUCUNE chance.
Alors quand Niko recroise le gardien du barrage (affairé à aider d’autres personnes coincées), il se dit qu’il faudrait un tracteur pour nous tirer d’affaire.

« Tu veux voir un tracteur ? Pas de problème,  je vais t’en montrer un ! »

Puis dans une ferme 100 mètres plus loin, ils dégustent un lait chaud et des dattes, pendant que le paysan termine de réparer son tracteur.

Sauvetage avec les grands moyens !

Pendant ce temps, c’est l’heure de l’école dans le camion. Mais quand on entend arriver un énorme tracteur et qu’on aperçoit papa dessus, on range tout en quadruple vitesse et on boucle les ceintures ! Niko a trouvé des sauveurs !

Une grosse corde, un gros nœud, puis le vieux tracteur Massey Ferguson commence à nous tirer… Le sol est tellement visqueux que le fourgon glisse littéralement sans aucune maîtrise de direction, sur la gauche, puis sur la droite, au bout de la corde tendue. On peut presque dire qu’il flotte ! Ne parlons pas de l’étang de boue (on ne peut plus appeler ça une mare) avant l’arrivée sur la route dans laquelle nous n’avions plus « pied »!

Merci à ces villageois qui nous ont tiré d’affaire. Sans eux, nous serions restés plusieurs jours bloqués sur le bivouac !

Après le déluge…

Nous avons eu de la chance de trouver un tracteur, mais aussi de ne pas avoir roulé plus loin vers le village de TADIGHOUST et son camping, nous serions restés coincés du côté du Haut-Atlas ! Le camion Coca-Cola fait d’ailleurs demi-tour, après avoir vainement attendu la décrue pendant plusieurs heures.
Les paysans du coin, eux, sortent tous de chez eux, contents de la pluie, pour irriguer leurs champs. Par contre, nous repassons dans GOULMIMA et la ville est méconnaissable après les pluies torrentielles et certaines zones sont inondées ! Sur les bas-côtés de la route, nous voyons beaucoup de traces de pneus de voitures qui se sont embourbées, elles aussi, juste en voulant se garer. Alors à l’heure du pique-nique, nous choisissons un emplacement avec une attention extrême !

MUSÉE DES SOURCES LALLA MIMOUNA à TINEJDAD

Un peu de culture !

Après ces émotions, place à la culture ! Zaïd nous accueille dans son musée en s’adressant aux filles : « Savez-vous à quel point vous êtes chanceuses de pouvoir voyager ?! » et ceci avant même de savoir que nous sommes partis depuis 7 mois !
Il leur offre des roses de Jericho qui s’épanouissent en présence d’eau, puis se recroquevillent quand elles en sont privées, en attendant la prochaine goutte !

Le rêve de Zaïd le berbère

Après des années à accompagner des touristes en excursion, Zaïd a réalisé son rêve en rachetant une source il y a 12 ans et en l’aménageant, après avoir nettoyé le site. Un travail titanesque !
Dans son musée, nous découvrons beaucoup de choses sur la vie berbère, l’agriculture et les outils, le travail du bois ou l’architecture en pisé (torchis), le tissage et les bijoux, la gestion de l’eau, les serrures berbères, etc.
Il nous montre aussi la clepsydre, une horloge à eau, qui permettait au « maître du temps » du village de repartir équitablement le temps d’irrigation entre les propriétaires des différents champs. Lorsque son tour était venu, l’agriculteur déviait l’eau d’irrigation vers son champ en quelques coups de pioche. Il laissant l’eau inonder sa parcelle pendant le temps auquel il avait droit. Pas plus !

Des projets plein la tête et la tête dans les étoiles

Mais surtout, nous avons discuté de la vie, de l’importance d’en profiter, des projets, des rêves, des enfants… Zaïd est aussi un artiste, passionné de calligraphie et du Petit Prince. Une belle rencontre !

Une nuit sur place

Pas très motivés à l’idée de chercher un nouveau bivouac par ce temps maussade et vent glacial, nous restons sur place ! Pour remercier Zaïd de ses petits cadeaux, les filles s’appliquent pour lui faire de beaux dessins : le Petit Prince par Annika et un dromadaire par Mila.

Le lendemain, après des adieux à Zaïd, nous continuons vers les belles gorges du Todra sous un ciel toujours aussi gris. L’immense plaine bordée par des chaînes montagneuses aux sommets blancs des deux côtés (Haut-Atlas au nord et Anti-Atlas au sud) doit être splendide sous le soleil…

Une réflexion au sujet de « Culture et aventure sur la route d’Erfoud à Tinejdad // Maroc »

  • 12 mars 2018 à 23 h 38 min
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    Vive le bivouac sauvage !!!! bonjour l’aventure ….. merci au tracteur….. mais vous vouliez peut-être prolongé votre séjour dans ce beau paysage ???? A vous bientôt Todra – Dadès, c’est tellement beau, j’y ai un souvenir de course à pied pour le marathon des roses !!!!
    Et toujours super content de vous lire. Plein de gros bisous !

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